dimanche 12 août 2007

Ethnographie en mon propre pays

Voilà, ce matin j'ai fait une chose qui paraît commune à pas mal de gens sur cette planète. Assister à une messe. Quelque soit la religion, je pense que bons nombres d'habitants de cette planète pratiquent une religion ou, ont pratiqué à un moment donné une religion.
Moi, non.
Je ne suis pas baptisée, ma mère non plus, mes grands-parents maternels étaient des hérétiques divorcés et remariés, l'un protestant, l'autre catholique romain.
Il était donc évident que la religion n'avait pas de place dans la famille.
J'ai bien sûr déjà assisté à des messes lors de mariages ou de baptêmes mais le cadre est très différent : d'abord, on est souvent ému par le moment, et puis on est tous dans la même "galère" ! Personne ne va à un mariage pour le plaisir de participer à une cérémonie religieuse.
Là, ce à quoi j'ai assisté ce matin, c'est une messe telle qu'elle est dite tous les dimanches dans des centaines d'églises catholiques romaines en France. Et bien malgré ce qu'on me rabache à longueur de temps, je ne me sens pas catholique pour un sous !
Je fanfaronne souvent à propos de mon manque d'éducation religieuse. C'est pour moi une vraie fierté de ne pas être baptisée, d'être vierge de toute éducation religieuse, de tout bourrage de mou. Je suis athée (profondément), communiste au sens propre (refus de la propriété privée, et autres joyeusetés), et ma connaissance de la religion catholique romaine vient de l'enseignement que j'ai reçu en histoire de l'art.
Quand j'entre dans une église (plusieurs fois par an), c'est pour étudier l'architecture, une peinture religieuse ou un élément de la statuaire. Je décortique le décorum d'un oeil froid et si je m'extasie, c'est devant la beauté des couleurs ou la pureté de la ligne. Jamais devant le message.

Alors là, ce que j'ai vu ce matin, le spectacle auquel j'ai assisté m'a laissé bouche bée.
Primo, je ne m'attendais pas à voir autant de monde. Des personnes venues dans le but unique de communier. Des personnes qui connaissent la lithurgie par coeur, qui chantent les psaumes sur le bout des doigts.
Deuxio, je ne m'attendais pas à une mise en scène aussi orchestrée où l'on tente de nous impressionner avec une pastille sensée représenter le corps même du seigneur.
Tercio, jamais je n'ai ressenti à travers la peinture le dénigrement de l'homme tel que je l'ai ressenti aujourd'hui. Le contenu du message peut grosso modo se traduire ainsi : vous, pauvres hommes faibles d'esprit et impurs, quoi que vous ayez fait, vous n'êtes pas à la hauteur des bontés de votre seigneur et vous devez vous repentir. Jamais je n'avais ressenti le dénigrement de l'homme, la flagellation spirituelle qui est rabachée tout au long du sermon, notre abandon face à notre spiritualité, ce n'est pas bien mes frères. La culpabilité, l'infériorité, le dénigrement. Tout ce que je croyais être un cliché !
Et que l'on ne me parle pas de mon esprit judeo-chrétien petit-bourgeois ! Je veux bien parler de morale judeo-chrétienne, cette morale qui nous fait distinguer ce qui est BIEN et ce qui est MAL. Oui, je ne pense pas avoir été hermétiquement protegée de cet enseignement catholique là. Mais c'est le seul héritage que je peux accepter. Pour le reste, je me sens à des années lumières de tout cela. Et même si le sermon est expliqué sous la forme de parabole qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre, la teneur du message n'en reste pas moins la même. Est-il nécessaire de mettre l'homme plus bas que terre pour lui faire aimer son prochain ?

1 commentaire:

Nina a dit…

Oh comme je te comprends...
Dans mon lointain passé de journaliste, j'ai couvert une communion de masse à Saint-Anne d'Auray. Tout allait bien jusqu'à ce qu'un gars en robe blanche dise que tous les non-baptisés étaient "impurs". J'ai senti la colère monter en moi à une vitesse ! L'amour du prochain serait-il si limité ?