mardi 12 juin 2007

Le tricheur





Extrait de l'oeuvre de Georges Fantin La Tour, le tricheur.



Tanneke, tu m'excuseras pour la comparaison, mais je savais que ton regard me rappelait un autre, celui grave et suspicieux de cette femme richement vêtue. N'y voit aucune malice, je ne veux pas faire de comparaison plus en avant.

Ce que je vois d'autre dans cette oeuvre (que j'ai eu le culot de recadrer), c'est avec quelle application chacun évite le regard de l'autre. Passionnant me direz-vous ? Je sens bien que je vous fatigue-là. Attendez, vous allez comprendre.
Coup d'oeil, regard, oeillade, tout l'éventail des clignements d'yeux y est passé durant ce week end festif où ma douce Tanneke m'a rejointe dans ma province. JE dévorais des yeux mon Guillaume, qui lui-même considérait d'un oeil torve Franck jouant son grand numéro du "j'ai-tout-vu-j'ai-tout-fait". Mais ça ne s'arrête pas là. Tanneke avait les yeux de (oui-oui, je vais le faire, j'ai pas peur des clichés) Chimène pour son Rodrigue (ah ben faut assumer jusqu'au bout, hein !) qui était resté à la capitale; Ruijven, pendant ce temps, la reluquait sans état d'âme.
Avec la réussite que l'on connait.

Et tout cela n'est que la mise en abîme du grand bordel des sentiments qui, ces cinq derniers jours, se sont transformés en un joyeux margouillis (à vos dictionnaires, mesdames et messieurs).
C'est là que j'analyse avec recul ma situation (ah ! je ris de me voir si cynique en ce miroir !).

Prenez trois personnages.
Non, prenez deux hommes, pas tout à fait du même âge, mais bien de la même génération, et une femme, enfin, un coeur d'artichaut plutôt.

Pour compliquer un peu, disons que l'homme le plus mûr des deux (mais jeune quand même) ne sait pas exactement sur quel pied danser, et hésite entre la traversée à la voile ou à la vapeur.

Et puis disons que la jeune écervelée a découvert très récemment l'éventualité de faire un bout de cette traversée avec lui. Ce qui l'a très hautement perturbée. Ben, oui, elle avait fait une croix dessus en se disant que jamais, elle ne pourrait être du voyage. Puisqu'il paraissait évidant qu'il préfèrait la voile à la vapeur. Mais en même temps, son petit coeur de midinette ne pouvait s'empêcher de vibrer pour sa carcasse.

C'est là qu'entre en scène le deuxième homme, un jeune troubadour, avec de sérieux arguments. Evidement, le joli coeur d'artichaut, déçue de ne pouvoir séduire le mignon, n'a pas su résister au chant des sirènes (surtout quand elles ont du poil au menton et ce petit air éffronté et insolent) : voilà donc deux personnages dans le même lit. Et en vrai militante pour l'égalité des sexes, notre coeur d'artichaut prend la chose à la légère, après tout y'a pas que les mecs qui ont droit à leur joujou sexuel. C'est donc avec beaucoup de frivolité que notre tête de linotte entretient cette relation.

C'est là qu'entre en piste le grand postulat : "suis moi, je te fuis; fuis moi, je te suis".
Oulàlà messieurs dames, je vais vous perdre-là ! (si c'est pas déjà fait !)

Parce qu'après avoir passé deux jours à gonfler son estime, à remonter le mécanisme de sa bravoure, notre petit coeur d'artichaut se sentait pousser des ailes, prête à prendre le taureau par les cornes et à avouer sa passion éperdue à l'homme-girouette.

Quand, soudain, le troubadour impétueux s'assagit : alors que Griet (j'avoue) prend un malin plaisir à ne pas donner de ses nouvelles trop souvent (pour ne pas effrayer le matou), celui-ci sonne l'offensive et appelle plus que de raison. Tiens tiens, y aurait-il mammouth sous gravier ?

Damned ! Que faire ! Mon petit coeur bat la chamade en pensant à ce furieux jeune loup solitaire avec qui je passe mes nuits ponctuellement, j'en oublie presque mon penchant pour l'irraisonné mignon.
Voyez dans quelle galère j'avance ! Voyez la complexité des regards, des sentiments et des silences. Alors quelle est l'issue ? J'ai pris une décision de circonstance : laisser filer, la barque finira bien par me déposer quelque part, que ce soit à la voile ou à la vapeur !

1 commentaire:

Nina a dit…

Oh j'avais pas vu ! Oh que c'est rigolo ce traficotage d'image ! Pour le reste, what can I say ? You've got it right, wait and see...*sigh*