dimanche 11 février 2007

Etats des lieux

Alors voilà, je me jette à l'eau.
Tout ce que j'ai écris depuis 5 mois est là.
Bien sûr, j'ai pris soin de renommer chaque personnage, et selon la formule consacrée, cette histoire est inspirée de faits réels...

Dimanche 29 Octobre 2006
J+5
Bon, me voilà célibataire depuis 5 jours.
Et me voilà de retour dans ma chambre d’adolescente; j’ai essayé d’en faire un espace de vie à moi, où je puisse me sentir en total intimité. Parce que revivre avec ma mère est très compliqué pour moi; je pense en partie parce qu’elle manque un peu de recul et elle est un peu trop sur mon dos à mon goût. Donc, je dois sincèrement penser à aménager mon emploi du temps pour être assez souvent absente, et ne pas lui donner trop l’habitude d’être avec elle tout le temps.
Du côté de la séparation, les choses se passent pour le mieux pour ma part.
J’ai eu quand même un gros choc après avoir vidé l’appart de mes affaires. Parce qu’on peut dire que l’endroit est mort, vidé de toute fantaisie et le choc a été rude je pense pour lui lorsqu’il a rejoint son appart ce soir. J’ai eu aussi pas mal de difficulté avec le partage des objets. On entasse des milliers de choses et après coup, tout ça me parait aujourd’hui complètement futile. Est-ce que vous avez une idée du nombre de tasses de toutes sortes que je possède? Je n’en croyais pas mes yeux! Il y a de quoi servir le thé à un régiment d’infanterie!
Bref, que faire concernant ces objets : je te laisse ça, mais je prends ça, et c… Et ton cœur qui est maintenant inutile pour moi, je te le laisse où je le met directement à la poubelle?
Il m’est difficile d’admettre que je me sente aussi soulagée aujourd’hui. J’ai vraiment l’impression d’être libre et de vivre de nouveau pour moi. Comme ci j’avais joué un rôle pendant ces six années et que j’avais été en hibernation.
J’ai envie de faire des tas de choses et en même temps je ne peux pas m’empêcher de me poser la question : est-ce vraiment ce que je veux ou est-ce que je suis en train de péter un boulon?


Mardi 31 Octobre 2006
J+7
Encore une journée de passée. Hier soir, je suis allée au Pub où je m’attendais à voir E. et O. , mais personne n’est arrivé. J’ai donc passé un moment derrière le bar, à observer les deux barmen, le manager Martin et un jeune nouveau. Et j’étais plutôt bien. Je me sentais libre, belle et j’avais la sensation qu’une foule de choses s’ouvraient devant moi. Bref ça allait bien mieux par rapport à la crise d’angoisse qui m’a traversé l’après midi même.
D’ailleurs à cette occasion, je ne savais pas trop quoi faire, alors j’ai collé mes écouteurs à mes oreilles et j’ai mis le son au maximum, puis j’ai fermé les yeux, histoire d’oublier le supermarché et les gens autour de moi. Ça a fonctionné. Et je n’ai ainsi pas appelé Johannes. Même si ça voix aurait été un très bon remède, je tiens à essayer de garder quelques distances encore pour le moment. Quand je me sentirais prête, et que je le sentirais prêt, alors je lui parlerai. Pour l’instant, il a reçu certainement mes photos aujourd’hui. Et mon email. Alors, je dois maintenant attendre qu’il prenne la décision de m’appeler.
Je suis encore sur un espèce d’orbite très loin du sol et des réalités. Je suis en « salle d’attente » en quelque sorte. J’attends que l'homme du 7ème étage descende vers moi et me dise « viens! » Est-ce la meilleure façon de lui plaire? Certainement pas! Je ne pourrais pas être attirée par quelqu'un d’aussi passif que je le suis à présent. Il me faut réagir et me dire que je dois vivre et commencer à construire quelque chose seule.


Vendredi 10 Novembre 2006
J+17
Et bien, voilà plusieurs jours sans écrire une ligne.
Il faut dire que j’ai été bien occupée. La famille, les sorties avec les amis…
Et aujourd’hui, enfin quelques recherches d’emploi. Je commence juste à sortir de mon état de latence. Je me sens toujours en « salle d’attente » mais à une nuance prêt : j’en suis consciente.
Donc je commence à chercher une corde à laquelle m’agripper et à tâter du pied des appuis solides pour me hisser hors de cette espèce de magma qui annihile complètement mon esprit.
Pour commencer, hier piscine. Bon remède pour retrouver un peu de tonus. Et bonne surprise, je n’ai pas trop souffert pour cette première fois. Je sens bien que mon corps est impatient de retrouver des sensations de ce goût là. Je me demande si je n’irais pas aussi faire une petite randonnée…
Pour ce qui est de l’esprit, encore un peu embrumé dans un tas de sentiments bizarres. Je commence à rêver à des tas de situations glauques et à des personnes que je n’ai pas revu depuis la séparation. Tout ça commence à se faire sentir et je dois avouer éprouver un certain manque. Je veux dire, je ne regrette pas ma décision, je n’aime plus cet homme. Mais nous partagions un quotidien et des idées, des activités ou plutôt des moments de passivité, et je me sens rudement seule depuis quelques jours. Et puis la peur commence à me saisir le cœur et l’estomac. Je suis maintenant seule pour affronter. Et je commence à penser que mes rêves de relation avec Johannes ne sont que des rêves de midinettes. Ce garçon a une vie et il ne compte pas la bouleverser pour moi. Je suis sûre qu’il m’aime d’une certaine façon mais pas comme je l’entend. Je veux dire, pour lui, notre relation s’était une histoire de lieu et de moment, de peau et de plaisir. Mais est-ce que je peux sincèrement espérer quelque chose de plus que ce genre de rencontre entre nous? Parce que je suis absolument persuadée que nous allons nous retrouver encore et je crois que je suis prête à aller très loin pour sa peau. Mais que pense-t-il?
Faut que je prenne le taureau par les cornes. Je veux dire, je ne dois pas brusquer nos relations; j’ai vraiment l’impression d’être en train de dessiner un mandala avec du sable coloré qui me file entre les doigts et dont je ne peux pas maîtriser la direction. Je dois regrouper mes forces, ma motivation et tout ce qui fait que les gens m’apprécie. Je dois provoquer une nouvelle rencontre entre nous. Parce que ce n’est que lorsque nos peaux se retrouvent que la communication existe vraiment.



Lundi 13 Novembre 2006
J+20
Ça y est, j’ai pris rendez vous avec le Dr T. J’avais trouvé son nom et son téléphone depuis une bonne semaine et je n’avais pas encore réussi à l’appeler pour ce fichu premier rendez vous.
C’est marrant, pourquoi je dis « premier rendez vous », c’est pas un tête à tête amoureux, c’est une consultation bon sang! Je commence à speeder un peu parce que je ne sais pas par quel bout commencer. Peut être qu’il faudrait que je commence par l’exposition des faits, un peu comme ça : j’ai 26 ans, je suis au chômage, j’ai quitté un homme que je n’aimais plus parce que je ne voulais pas faire comme mon pater qui n’a pas su partir à temps et dont la seule phrase que je me souvienne de lui est : « on épouse jamais ceux qu’on aime ».
C’est peut être ça en fait la bonne méthode.

Parce que de ça découle tout le reste. Je veux dire par là que j’ai choisi cet homme là à ce moment là parce que je voulais être aimée et choyée. Je ne voulais pas accepter d’être seule. Et donc, j’ai feins assez longtemps jusqu’au moment où l’engagement que je devais prendre m’a fait réaliser que c’était pas la bonne personne, que je ne l’aimais pas. Et aujourd’hui je suis attirée par un homme qui est loin et qui représente tout ce que j’ai perdu : l’enfance. C’est peut être pas complètement farfelu d’avoir rêvé à la fois de cet homme et moi, et de mes grands parents maternels tout les deux disparus. Ce sont toutes les choses que j’aspire de retrouver et que je ne peux pas avoir : on ne revient pas de la mort et je ne peux pas l’obliger à m’aimer comme je le voudrais.
Alors qu’est-ce que je peux faire à part ça? Je dois vraiment trouver une solution pour être enfin capable d’affronter et de construire quelque chose! Je suis dans une situation que bien des gens aimeraient vivre! J’ai tous les choix devant moi et je peux repartir de zéro. J’ai un toit sur la tête (même si la vie avec ma mère ne m’enchante pas), je mange à ma faim, j’ai des loisirs et je suis libre de mes choix.

Pourquoi est-ce que cette situation m’angoisse?
J’ai peur de faire les mauvais choix, et surtout peur de rater des choses et de « ne pas faire! »
De reproduire un raté légendaire celui de mon pater : et c’est aussi ça que je reproduis, le mythe du premier amour déçu qui n’a pas pu fonctionner à cause des Autres.
Alors je suis partagée : d’une part, j’ai peur de perdre cet homme qui compte énormément à mes yeux, et donc pour être sur de ne pas le perdre, je choisi de ne rien faire. C’est sur, le risque est ainsi faible de rater! Mais une autre part de moi, la spontanée, me dit : « fonce, livre-toi, montre ce que tu ressens et vis! » Au risque de tout perdre. Ou de tout gagner.

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