mardi 13 février 2007

Passons à aujourd'hui

Mardi 13 Février 2007

J’ai commencé à publier ce contenu sur un blog. C’est un peu artificiel comme publication parce qu’en réalité je n’ai pas de lecteur pour le moment.
J’ai quand même décidé d’envoyer l’adresse de ce blog à Johannes. C’est un peu du suicide, je ne sais pas si il le lira. Mais si il le lit, il ne sera pas deçu vu le contenu! Bon sang, qu’est-ce qui m’a pris encore! C’est au moins aussi fou que la lettre que j’ai envoyé à L. D’ailleurs je n’ai pas reçu de nouvelles. M’en fout. Pas grave.


Là, je sens encore une fois une transformation s’opérer en moi. Je commence à réfléchir un peu plus, à moins vouloir tout faire en même temps pour ne pas perdre de temps ou d’occasion. J’ai un besoin irraisonné de brûler ma vie par les deux bouts. Je me dis à quoi cela peut bien servir de vivre si c’est à moitié, sans passion, sans vie, sans amour, sans plaisir.
C’est une vraie angoisse pour moi aujourd’hui, mais je tends à convertir ce sentiment en quelque chose de plus positif et de moins corrosif. Et je regarde ce qui m’entoure d’un autre œil. Mes désirs aussi. J’essaie de voir plus loin que le désir immédiat et le plaisir immédiat. J’essaie de trouver du plaisir dans l’attente de la réalisation de ce désir. Et j’essaie aussi de ne pas voir tout homme comme un potentiel partenaire sexuel, mais comme un interlocuteur. Ainsi, je change de regard sur Martin, et je pense que lui aussi a changé de regard sur moi. Même si j’ai beaucoup de difficulté à lire en lui, à saisir ses émotions. Son visage est plutôt fermé, dur. Il manie l’ironie (ce que je fais moi-même énormément) et j’ai du mal à savoir si c’est du lard ou du cochon parfois! Je vais avoir besoin de discuter un peu plus avec lui pour réussir à capter tout ça. C’est
une chose extrêmement étrange que le « feeling ». Par exemple, Jay, je lis assez bien en lui. Il est expressif, et entre nous, on parle aussi par le regard. Nous n’avons pas une complicité aussi forte que celle que je peux avoir avec Johannes. Là, c’est encore autre chose, ça tient du miracle une complicité pareil! Et ce qui me déstabilise encore un peu plus, c’est sa façon de plaisanter. Martin ne rate pas une occasion pour faire une allusion sexy. Il faut dire que je suis très naïve et que je tend souvent des perches! Et ces plaisanterie ne cadrent pas avec le reste. Il essaie de conserver toujours une certaine distance avec les clients, et surtout les clientes. Il est le manager, et même si il joue aux fléchettes parfois avec nous, il garde toujours un certain retrait.
Enfin, je suis quand même satisfaite de ma progression. J’étais devenue tellement timide et coincée, là je retrouve un peu ma sociabilité légendaire. Les rencontres avec d’autres clients habitués m’aident beaucoup aussi. J’ai revu hier soir le gars avec qui j’ai fait la fermeture du bar samedi. Il s’appelle G. Client régulier, connaît bien Martin, et fréquente Jay. J’utilise le terme « fréquente » parce que je me pose des questions sur leur préférence sexuelle à tous les deux. Enfin, il est courant chez les hommes de se produire en public à des pelotages ou roulages de pelle ostentatoires. Je suis toujours restée très dubitative devant ce comportement. Je croyais naïvement (et oui, encore!) que ce comportement s’arrêtait après l’adolescence. Mais à force de fréquenter de jeunes trentenaires, je découvre que ce drôle de rite initiatique se poursuit. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà assister aux mêmes débordements de sensualité et de partages de fluides entre filles. Je crois peut être que la différence est dans la façon de le vivre et de le faire. Les hommes agissent ainsi en public dans un esprit de fraternité virile, prouvant par là qu’ils sont capables de tout, mais tout en gardant les apparences sauves : tout ceci n’est que théâtre et grand guignol, jamais au grand jamais, nous ne serons homosexuels! Tandis que mes discussions avec mes amies m’ont prouvé à plusieurs reprises que l’éventualité d’une relation homosexuelle ne les choquait pas et pouvait même les intéresser dans un certain contexte et avec une partenaire choisie. Elles ne se refusent pas de tenter un jour l’expérience. Car la relation homosexuelle est perçue par les femmes (enfin, je généralise un peu vite, disons par la tranche 25-35 ans que je côtoie) comme une expérience sexuelle et sensuelle possible et non pas comme une espèce de tare, de honte suprême pour les hommes (là encore, je parle de ceux que je connais). D’où vient cette différence? De la pratique sexuelle en elle-même peut être? L’amour au féminin s’apparente plus à des préliminaires, tandis que la perception masculine tient plus souvent de la domination. Ou est-ce que je suis en train de faire un raccourci idiot?

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